Chapitre 4
Éléments novateurs de 3i
1 Prise en compte du retard neurodéveloppemental de l’autisme
L’autisme est reconnu aujourd’hui comme un trouble neurodéveloppemental.
Il est lié à un dysfonctionnement des connexions neuronales du développement, qui intervient dés la naissance de l’enfant, responsable du retard de développement. L’autisme peut être comparé à un iceberg, dont on voit la partie émergée = le comportement de l’autiste.
Les méthodes comportementales proposent de traiter plutôt cette partie émergée : socialisation par l’inclusion scolaire , apprentissages répétitifs…
A contrario, La méthode des 3i se propose de traiter le ‘fonds de l’iceberg’: elle propose ainsi de faire reprendre à la personne autiste, qu’elle constate être ” un bébé dans un corps de grand ”, son développement en le remettant dans les mêmes conditions d’éveil d’un petit entre 0 et 3 ans. La plasticité cérébrale permet à tout âge de refaire des connexions non faites .
Ce retard neurodéveloppemental détermine la spécificité de la méthode 3i « Interactive, Individuelle, Intensive».
2 Prise en compte des particularités sensorielles
Un retard sensoriel = une constatation. Une personne autiste est dotée de sensoriel d’un nourrisson, enfermé dans un corps de grand.
- Auditif : entend les ultra sons.
- Visuel : attiré par la lumière, vision en détail des visages et de l’espace.
- Olfactif : l’odorat puissant, envahissant, peut induire une sélectivité alimentaire.
- Tactile : grande sensibilité, le toucher peut être insupportable pour certains ..
- Gustatif : sensibilité au gout, à la texture, température allant jusqu’au refus de s’alimenter.
Les personnes autistes sont fragiles sur le plan proprioceptif, ne ressentent pas leurs corps, les mains, les pieds .. ni la douleur et sur le plan vestibulaire, ils ne se situent pas dans l’espace non délimité et ne ressentent que peu le sol, comme s’ils flottaient dans l’air.
Pas de filtrage sensoriel : comme les bébés, ils ne filtrent pas les informations de l’environnement et sont inondés par un déluge d’informations sensorielles qui les font souffrir. Leur cerveau est tel une cocotte-minute sensorielle qui peut exploser quand ils ne peuvent plus gérer la surcharge => crises de frustration ou repli total. Un repli sensoriel entretenu par leur immense mémoire sensorielle.
Deux solutions se proposent à eux, pour survivre dans un monde sensoriellement inadapté.
- Se replier dans leur monde intérieur clos , en se coupant des sensations :
- ils s’y enferment, sans conscience, dans des plaisirs sensoriels visuels, auditifs, gestuels, tactiles, olfactifs vécus et entretenus par leur fabuleuse mémoire.
- Ils les gardent empilés et ne veulent ni les modifier ni les perdre, d’où le besoin répétitif de les reproduire ou de les retrouver avec parfois forces ruses ;
2. Rester présent, ce qui les épuise vite...
Ces particularités guident l’organisation tant humaine que matérielle des 3i , comme l’environnement, le planning, la présence humaine, l’approche, conditionnent la suppression des souffrances, angoisses ou distractions sensorielles qui les replient sur eux.
Les 3i proposent :
- Un environnement adapté à leur âge de développement, une pièce de jeu qui représente un cocon sensoriel, rassurant avec des jeux sensori-moteurs spécifiques aux touts petits et qui évoluent en fonction de l’âge du développement . Le moins d’objets possibles sur les étagères.
- Un planning centré sur la salle de jeu, une vie régulière et sans changements (unité de lieu) avec les séances de jeu, 7 jours sur 7, avec une évolution au fil des 3 phases : le nombre d’heures en salle diminue au fil du développement au profit d’activités extérieures tant socialisantes que sportives ou éducatives. Avec un retour progressif en phase 2 et 3 aux activités extérieures collectives.
- Un esprit ludique 3i du lever au coucher : les parents prennent ce relais individuel et interactif dans les actes familiaux du quotidien: repas en « one to one » comme le tout petit, ni cris ni agitation, écrans limités ou supprimés, une vie régulière et calme sans stress. La fratrie est associée.
- Une approche respectueuse des particularités sensorielles. Le jeu « libre » dans le cocon de la salle de jeu, sans programme ni attentes autre que le contact et l’échange et sans « guidage » imposé. Sans surstimulation, cela crée la détente et supprime les angoisses et les crises nées du trop plein sensoriel et émotionnel.
- L’enfant est le chef, on le suit sans initier; on est son double : on fait ce qu’il fait et on ressent ce qu’il ressent pour pouvoir rejoindre son monde. On attend le contact pour l’emmener dans notre monde en enrichissant le jeu de façon à créer l’imitation et l’interaction.
- L’intervenant respecte les signes de fatigue en lui laissant des moments de répit dans son monde où on peut faire des gestes sensoriels apaisants (massages, balancements, câlins) sans chercher le contact ; s’il veut dormir, on le laisse. On recréera le contact quand il sera prêt. En cas de crise, on se met en retrait, laissant exploser le trop plein sensoriel, en jouant seul sans l’appeler.
- Attitude joueuse, affectueuse et gaie que va ressentir l’enfant autiste qui est une éponge émotionnelle et va permettre le contact plus facilement.
Ces éléments novateurs, grâce à la plasticité cérébrale, permettent la réparation des connexions neuronales et permettent la reprise du développement ; expliquant les bons résultats des enfants.