14 Jan2016
Ecrit par AEVE . Publié dans Vu dans la presse
Pour la première fois, des scientifiques ont établi un lien entre le comportement autistique et un neurotransmetteur.
Il s’agit d’une découverte importante : certains symptômes de l’autisme proviendraient d’une difficulté à assimiler l’acide gamma amino butyrique, abrégé « GABA ». C’est en tout cas ce qu’affirment des scientifiques d’Harvard et du MIT dans une étude publiée dans la revue Current Biology.
Mais qu’est-ce que le GABA ? Il s’agit du principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central. En quelques mots : il empêche les cellules du cerveau de réagir aux informations reçues par les sens.
Déluge des sens
Et justement, « l’autisme est souvent décrit comme un trouble où toutes les données sensorielles déferlent simultanément », explique Caroline Robertson, la chercheuse principale de cette étude, au site Mother Jones.
Là où la majorité des humains peut très simplement faire abstraction de n’importe quel son ou image dans la vie de tous les jours, ceux atteints d’autisme sont inondés par un déluge d’informations sensorielles qui peuvent transformer leur environnement quotidien en une expérience douloureuse.
L’autisme en chiffres
Aux Etats-Unis, selon les derniers chiffres des Centers for Disease Control, le taux de prévalence de l’autisme serait passé de 1 sur 150 en 2000, à 1 sur 68 en 2010.
Pour la France, la Haute Autorité de la santé retient le chiffre de 1 nouveau-né sur 150 concerné par l’autisme. Mais les spécialistes estiment ce taux largement sous-estimé.
Le rôle du GABA
Pour mener cette étude, les scientifiques ont demandé à un panel de participants de regarder dans une paire de jumelles. A droite, une image, par exemple, un chat ; et à gauche, une autre image, par exemple, une pomme. L’humain est capable de se concentrer sur une image pour délaisser l’autre. Puis inverser.
En fait, le neurotransmetteur inhibiteur GABA permet au cerveau de traiter les informations de façon digeste, plutôt que de tout prendre en compte en même temps. Ensuite, des tests d’imagerie cérébrale ont permis de confirmer une hypothèse : plus les participants réussissaient à traiter correctement les deux images différentes, plus ils avaient un taux de GABA élevé.
Ce qui fait défaut aux personnes autistes
Confrontées à ce test, les personnes autistes ont présenté des difficultés : l’oscillation entre les deux images s’avérait plus lente, et la concentration sur une seule image moins bien dirigée. Ensuite, l’imagerie cérébrale a révélé que les personnes autistes qui étaient meilleures au test, n’avaient pas pour autant un taux de GABA plus élevé que les autres personnes autistes… Ce qui suggère qu’il y a un problème général chez les autistes avec l’assimilation et la gestion de ce neurotransmetteur inhibiteur.
« Ce n’est pas qu’il n’y a pas de GABA dans le cerveau » d’une personne autiste, explique Caroline Robertson, « c’est qu’il y a quelque chose de cassé sur son chemin ». L’espoir est grand, car le GABA inhibe toutes les sortes de simulations sensorielles, pas seulement la vue. Donc en théorie, un médicament qui « sécuriserait » le trajet du GABA dans le cerveau pourrait réduire tous les symptômes sensoriels dûs à l’autisme.