Origine d’AEVE
L’origine de l’Association Autisme Espoir vers l’École
L’ association AEVE est née d’une première expérience réussie sur l’autisme. Elle a été fondée en octobre 2006 suite à une expérience réussie avec un enfant autiste de 2 ans 1/2 qui lui a permis de reprendre son développement et “sortir de sa bulle” c’est-à-dire être conscient, parler et communiquer et intégrer après 3 ans de jeu avec succès une école ordinaire sans aide .
Une expérience réussie avec un enfant autiste
Catherine de La Presle, fondatrice de la méthode en 2006, relate cette histoire dans le livre ‘la méthode des 3i : un éveil par le jeu, une nouvelle chance de développement’.
« La méthode des 3i est le fruit d’une expérience réussie avec mon petit-fils, diagnostiqué autiste à trois ans, très enfermé dans son monde, sans regard ni intérêt pour l’autre. Aujourd’hui, à dix-huit ans, il mène une vie normale et suit un cursus d’étudiant « Grandes Ecoles » pour devenir ingénieur dans l’aéronautique après avoir conduit son premier avion à quinze ans et avoir été un brillant élève dans toutes les matières, depuis le CP jusqu’au Baccalauréat sans aucune aide, ‘’incognito’’ et menant une vie normale.
En 2004, à trois ans, il était coupé de nous, totalement absent, impassible, semblant ne pas nous voir : je l’appelais souvent et il ne se retournait pas comme s’il ne m’entendait pas, ce que sembla contredire un test d’audition. Si je parlais fort, il jetait les objets par terre ou se tapait la tête contre les murs ; il ne nous imitait pas, il ne parlait pas et ses bizarreries chaque jour s’amplifiaient, il était de plus en plus impénétrable. Il s’enfermait dans les objets, battait des mains ou riait sans raison, fuyant tout regard. Les fermetures de portes et d’interrupteurs, les tambours de machines qui tournaient, le fascinaient des heures entières. Quand je le posais certains jours à la garderie, il prenait toujours le même camion pour en ouvrir et fermer les portes, et le soir, je le retrouvais avec le même petit camion sans avoir regardé quiconque. Je n’étais ni médecin ni professionnelle, simplement une grand-mère attentive et cherchais depuis sa naissance les causes de ces bizarreries que j’attribuais à sa timidité, et de son retard verbal, que je pensais du, comme l’affirma son pédiatre au fait que les garçons sont souvent plus lents à parler. Sa maman alertée par la garderie à deux ans et demi, consulta un pédopsychiatre qui lui dit : ’’Vous devez vous en occuper davantage, Madame ‘’. L’évidence s’imposa pour moi, on accusait sa maman : il était autiste !
Quatre garçons pour une fille autiste : la thèse de Bettelheim dominant en 2004 en France qui accusait les mamans « réfrigérateurs », responsables de l’autisme de leur enfant élevé sans affection, me parut peu plausible et la réfutais : Les mamans aiment elles mieux les filles ? … Retard mental ? Je ne le voyais pas car, comme tous ces enfants TSA., il paraissait intelligent et observateur dans ses obsessions, et bon stratège pour les retrouver. Que faire alors ? Je m’informais sur tout ce qui lui était proposé : le suivi en CMP, l’hôpital de jour où sans doute il commencerait et finirait sa vie sans sortir de sa forteresse de plus en plus murée. En France en 2004, aucune prise en charge autre que psychologique n’était proposée. Orthophonistes et psychomotriciens n’étaient pas formés à l’autisme dans leur cursus étudiant.
Décidée à me battre, je lisais la littérature médicale sur l’autisme bien pessimiste sur l’avenir de ces enfants condamnés à vivre enfermés dans leur prison intérieure « forteresse vide ». Je ne gardai qu’un seul livre, « l’exploration de l’Autisme » du Professeur Gilbert Lelord qui après quarante ans de recherche sur l’autisme affirmait « l’autisme, ce n’est pas les mamans, c’est le cerveau ». Après avoir recherché des moyens d’agir, il vantait les bienfaits du jeu, inspiré par le livre « Le miracle de l’amour » (qu’il me dédicacera lors de notre première rencontre) récit de l’éveil par le jeu « SON RISE » d’un jeune autiste américain de trois ans en 1976, par ses parents psychothérapeutes. Cette approche sera le point de départ comme il me l’expliqua, de la « thérapie Echange et développement » en 1980 puis des 3i, vingt- cinq ans après.
Ses parents convaincus que le jeu individuel, qui n’est pas un médicament, ne pouvait lui faire que du bien, m’ont missionnée avec son autre grand-mère pour découvrir l’approche ‘’Son Rise ‘’aux Etats Unis. Mus par l’espoir, sa famille se mobilisa et aménagea aussitôt une petite salle de jeu où il resta près de quatre ans : deux ans à plein temps de son lever à son coucher en dehors de la promenade quotidienne à midi et le soir, sept jours sur sept, puis deux ans à mi-temps partagé avec l’école sans aucune aide et « incognito » dès qu’il sut parler, poser des questions, dessiner un bonhomme, signe qu’il nous voyait et était entré dans la symbolique de l’image.
Avec une équipe de trente joueurs bénévoles motivés, enthousiastes qui se sont relayés dans sa salle de jeu sept jours sur sept, il est sorti peu à peu de son silence. Sans savoir où nous allions, chaque jour les petits progrès en contact et développement : -Au bout de 10 mois : les premiers mots apparaissent, après 3 mois de mutisme complet.« Areuh…oui, non », il passe par toutes les étapes habituelles d’un bébé -Au bout de 15 mois, les phrases commencent. Puis peu à peu il parle couramment , avide de connaître de nouveaux mots.
Il répond aux questions peu à peu, répond au téléphone.
Il ne se tape plus la tête contre les murs, n’est plus gêné par les voix fortes ou le bruit du mixer. Il ne se réfugie plus dans la musique et semble supporter de mieux en mieux les bruits de foule : supermarché… Son audition s’adapte et évolue comme un tout petit.
Il veut apprendre et se concentre de mieux en mieux : lettres, chiffres puis la lecture –Au bout de deux ans : après 2500h de stimulation individuelle, Il nous regarde, parle, commence à poser des questions, à jouer avec les autres ; à appeler les gens par leur nom. Ses stéréotypies évoluent et ses phobies tendent à disparaître comme toucher le sable, mâcher…
Il entre à l’école tous les matins, à mi-temps, sans auxiliaire (A.V.S) et sans que personne ne sache ‘son autisme’.
Il devient de plus en plus autonome : propreté, habillage, obéissance aux consignes.
Il mange enfin du solide. Au théâtre de Guignol, il rit et applaudit comme les autres.
Bref, il est un enfant presque comme les autres.
Les progrès étaient soigneusement notés par chacun. Chaque quinzaine, l’équipe se réunissait pour faire le point de son évolution et évaluer les progrès et parmi elle se trouvait une psychologue qui remarqua qu’il repassait par les stades du développement du tout petit dans tous les domaines. Ce constat, que l’on retrouvera par la suite chez les enfants suivis, sera le point de départ de la méthode des 3i et lui donnera son fil directeur.
L’élaboration de la méthode des 3i |
Ce ne fut pas ‘’un long fleuve tranquille’’ ni un miracle : trois mois pour obtenir une seconde de regard, un an pour le premier mot puis les mots jaillirent puis les questions comme s’il voulait tout « rattraper » (il sut lire à cinq ans) et tout connaitre de notre monde. Tout n’était pas réglé à cinq ans : C’est peu à peu que diminuèrent ses problèmes d’hyper ou hypo- sensibilité sensorielle qui le gênaient pour se nourrir ou aller dans des endroits bruyants et engendraient des petites stéréotypies gestuelles quand on ne le regardait pas. L’ISM (Intégration Sensori-Motrice-Cf 2.1.5.1), pratiquée à l’âge de neuf ans pendant dix-huit mois, par l’intégration de réflexes archaïques encore présents résoudra ces problèmes de nature sensorielle.
Tirant les leçons de cette première expérience et l’enrichissant des constats observés sur la reprise du développement de l’enfant, je décidai d’élaborer une méthode appelée 3i : détachée de Son Rise dans son fonctionnement et surtout dans ses fondements, elle est l’apanage de l’Association AEVE (Autisme Espoir Vers l’Ecole) qui propose aux parents des services d’aide à sa mise en place, à la formation des intervenants et à sa supervision.
Le constat de la reprise du développement, point de départ et fil directeur de la thérapie 3i, vérifié sur les premiers enfants suivis, était indispensable pour la lancer à plus grande échelle et pouvoir suivre les enfants quels que soient leur âge ou leur forme d’autisme. Ce fil rouge 3i permet de guider les parents en proposant trois phases dans l’application de la méthode, distinctes par le planning et le type de jeux, qui correspondent aux phases du développement d’un enfant jusqu’à trois ans et plus, présentées dans ce manuel
Des lectures ,recherches, rencontres
Ma rencontre à titre privé, fin 2005, ave
Avant d’écrire la méthode, l’important était d’essayer de comprendre d’abord qui était la personne qualifiée d’autiste. Réfutant l’origine uniquement psychologique des troubles autistiques, je me mis ainsi à rechercher qui étaient ces êtres différents, aux comportements inadaptés, dérangeants et bizarres mais sans doute explicables. J’ai trouvé réponse pas tant dans la littérature traitant du fonctionnement des personnes autistes que dans les multiples témoignages écrits par les personnes autistes elles-mêmes capables d’exprimer leur vécu (autistes dits Asperger) comme ceux de Sean Barron, Temple Grandin ou Gunilla Gerland Connaitre les autres méthodes de traitement de l’autisme, pour la plupart venues des pays anglo-saxons et récemment arrivées en France en 2004, s’est avéré indispensable pour cerner la spécificité des 3i ce qui impliqua des rencontres , formations avec leurs spécialistes.
La rencontre avec le professeur Gilbert Lelord à Tours, neuropsychiatre, chercheur chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital de jour de Tours,…fut déterminante : pionnier de l’autisme en France, il m’encouragea à créer une Association pour diffuser l’approche : ’’ Allez-y, il n’y a rien actuellement de mieux, selon moi, pour traiter l’autisme aujourd’hui que cette approche par le jeu dont le but est l’échange avec l’enfant Vous avez réussi vite parce que vous avez pu l’appliquer avec intensivité ». Ce sera le coup d’envoi d’AEVE. Le Pr Lelord apportera à l’association un soutien à titre personnel qu’il ne voulait pas officiel (visites et échanges de lettres ou de documents pendant 10 ans) , ne souhaitant pas à son âge avancé perdre ses collègues du monde médical, pas tous en accord à cette date, avec ce type d’approche. Il m’encouragea à appuyer les principes 3i sur ses travaux complétés par l’INSERM de Tours, qui démontraient scientifiquement les fondements cérébraux de ce type d’approche comme l’imitation et les neurones miroirs. Voici ses paroles recueillies en avril 2014, lors d’une dernière rencontre » lors de laquelle il me proposa de me léguer quelques-uns de ses dossiers de recherche volumineux ».